La lutte et les Jeux Olympiques


En février 2013, la Commission Exécutive du CIO a préconisé la suppression de la lutte pour les Jeux Olympiques de 2020 (dans le cadre de la limitation du nombre d’épreuves aux JO).
Bien que rien ne soit encore joué (la décision définitive sera prise en septembre 2013) les réactions sont vives et nombreuses, à travers le monde.
L’émotion suscitée par une telle annonce révèle à quel point la lutte a une place particulière au sein des Jeux Olympiques. Pour beaucoup (et il suffit de questionner son entourage) des JO sans cette discipline ne seraient plus tout à fait des JO.

La lutte antique, timbre grec

La lutte est présente dans la manifestation olympique depuis les premiers Jeux de l’ère moderne en 1896, rénovés par Pierre de Coubertin. Si sa place était acquise dès le départ c’est parce que la lutte constituait l’un des piliers des Jeux antiques et, d’une manière plus générale, du système d’éducation physique pratiqué dans le monde hellène.
Dès l’âge de 7 ans, chaque jeune grec s’entraînait à la lutte (palè) au cœur d’un bâtiment appelé palestre.  Ainsi, de très nombreux témoignages nous sont parvenus à l’instar d’Aristote, d’Hippocrate et de Platon. Le poète Pindare nous raconte dans ses Odes la force et les exploits des ces lutteurs. Des prouesses quasi-divines basées sur le modèle mythique d’Héraclès, le plus habile des lutteurs.
Les Jeux Olympiques sont nés en 776 avant J.-C ., et moins d’un siècle plus tard la lutte y fait son apparition. Épreuve décisive du pentathlon (elle clôt la série du disque, du javelot, du saut et de la course), la lutte est également pratiquée à Olympie de manière autonome.
Milon, l’athlète du VIe siècle avant J.-C., originaire de Crotone, est assurément le lutteur au plus beau palmarès avec pas moins de 6 titres olympiques ! Son nom résonne encore aujourd’hui grâce aux nombreux récits glorifiant sa puissance et son agilité.

Spectacle Theoxenos et la figure du lutteur

Au-delà de la Grèce, la lutte est une tradition ancestrale pour de très nombreux pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Orient. Aujourd’hui, près de 80 millions de personnes pratiquent la lutte à travers le monde.
La disparition de la lutte aux Jeux Olympiques entraînerait une chute des subventions vitales pour ce sport, une baisse considérable de visibilité médiatique (que seuls les JO peuvent offrir), et assurément une diminution des vocations…
La lutte, sport populaire et sport amateur, offre pour beaucoup de jeunes des quartiers un cadre structurant et rassurant. J’ai pu le constater au club de lutte de St Priest près de Lyon avec qui j’ai eu le plaisir de travailler. J’imagine aujourd’hui leur déception et leurs inquiétudes.

Le club de lutte de St Priest dans une reconstitution des JO Antiques (Ph. Musée St Romain en Gal)

Étrangement, je suis confiant quant à la décision de septembre 2013.
La Fédération Internationale de Lutte doit faire un pas pour adapter la discipline, l’autre pas sera fait pas le CIO, guidé, lui, par l’Histoire.
Je suis convaincu de ce rapprochement.
En attendant, si vous voulez soutenir la lutte, vous pouvez signer la pétition en ligne (lien pétition). Croyez-moi, chaque signature sera un soutien moral pour les lutteurs.
Merci.

Dimanche 8 Septembre 2013
C'est avec un immense plaisir que j'ajoute un nouveau paragraphe à cet article.
Après un vote, tenu à Buenos Aires, le CIO a décidé de maintenir la lutte aux Jeux Olympiques de 2020 (Tokyo) et 2024.
J'ai partagé cette joie, et ce soulagement en compagnie des lutteurs présents à Nice pour les VIIe Jeux de la Francophonie.

Les lutteurs présents à Nice pour les VIIe Jeux de la Francophonie, en attente du verdict du CIO, le 8/09/13 (Photo: S. Bouchet)

Merci à tous pour votre mobilisation !

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Pour aller plus loin:
- Émission spéciale STADIUM en présence de Christophe GUENOT, médaillé de bronze en lutte greco-romaine aux Jeux Olympiques de Pékin 2008 (plus d'info).
- Spectacle Theoxenos.
- Reconstitution des Jeux Olympiques antiques au Musée de St Romain en Gal.